la Grande Bleue : berceau de la Tragédie, théâtre de destins


La poésie ouvre un dialogue avec la part secrète de notre âme, et le poète invite à nos lectures espérées

Ces heures de crépuscule prématuré que le quotidien d’automne impose à la Nature ménagent l’émergence d’une nostalgie conquérante de nos rêves endormis.

La part de l’écriture —donc de la lecture— viennent s’y blottir comme le troupeau sur le chemin du bercail, le soir, se délecte de lampées d’eau fraîche.

Le jardin de Mario Ferrisi regarde les vignes du Malepère chanter le cours des saisons pour oublier la mer bleue et ses effluves d’un exil permanent.

en guise d’autoportrait

Juillet 1962

Elle a posé ses rires à côté des valises
Ses anciennes euphories au parfum de jasmin
Ses soirs de lassitude, ses actes d’insoumise
Ses bonheurs entrevus, ses hasards de chemin

Elle a glissé ses rêves, quelques instants secrets
Dans une boîte grise, à côté de sa peine
La photo du Rummel, du bon vieux pont crossé
La lymphe effarouchée qui coule dans ses veines

Elle sait que la cité où vivaient ses soleils
Embrasera ses rêves, mettra son cœur en ruine
Colorera le ciel de bronze et de vermeil
Avant que ses sanglots n’implorent Constantine

Et ce soir elle la veille, la main sur ses bagages
C’est fou comme c’est cruel, comme le chagrin est lourd
Elle sait qu’à pas de loup, elle ira… en voyage
Réinventer l’été, sans espoir de retour…

C’est l’heure et elle se lève, l’âme enfouie dans ses doigts
Toute seule, en silence, elle gravit son calvaire
Elle passe un vieux chandail, fredonne “Vado Via“
Elle retient un sanglot, son cœur est en hiver

recueil “escales poétiques“

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