Balade en suivant le Rhône de haut…


Article d’Olivier Cébe paru sur Lyon Capitale

Le 11 mars 2017

À proximité de Lyon, une balade pour un week-end ou même une simple journée avec la certitude d’allier de séduisantes découvertes et du plaisir, éventuellement des activités à partager en famille, ados compris. À la portée de toutes les bourses… à condition de ne pas dévaliser les caves de Côte-Rôtie.

Parvenu sur les flancs du vieux Massif central, le Rhône ne peut oublier qu’il fut torrent dans sa jeunesse. Quelle que soit l’actualité qui vient s’échouer sur ses rives, puissant, sans concession, il charrie l’authenticité de ses racines de montagnard. De là probablement son goût pour les contrastes : de la modernité des villes aux cités antiques fières de leurs vestiges romains ; de l’impressionnante monumentalité des centrales atomiques aux cultures en terrasses qui les dominent. Notre balade s’en amuse…

Si nous vivions à l’époque romaine, pour rejoindre Lyon depuis Vienne nous aurions emprunté l’itinéraire qui suit la rive gauche du Rhône, plus court que la voie dite “de Narbonne” sur l’autre rive, qui s’éloignait du fleuve dans le secteur de Givors : cinq lieues romaines économisées (environ dix kilomètres d’aujourd’hui), sans compter que le tracé en était plus aisé. Ce raccourci rejoignait à Vienne la Via Agrippa, du nom de son commanditaire, lieutenant et meilleur ami de l’empereur Auguste. C’est à lui que nous devons la construction de grandes routes issues des Alpes vers les autres parties de l’Empire romain, ce qui valut à Lyon de renforcer son rôle de carrefour stratégique.

Ainsi, quelques années avant notre ère, la Via Agrippa desservait-elle Lyon depuis la Méditerranée. Un axe vieux de deux mille ans qui n’est jamais que l’ancêtre de l’actuelle autoroute A7… Preuve que les aménagements contemporains se révèlent souvent dans la continuité de l’histoire, pour des raisons tout simplement pratiques ! Mais aussi pour le bonheur des yeux.

Depuis la rive gauche, un spectacle plein de vie et de sérénité s’offre sur la rive opposée ; un paysage surprenant qui semble se mouvoir au gré des déplacements du spectateur, qu’il ait été piéton sur la Via Agrippa voici deux millénaires ou qu’il soit aujourd’hui automobiliste sur l’A7. Un paysage qui n’a rien à envier aux plantations de thé de Darjeeling ni aux rizières en terrasses de Tôkamachi au Japon.

Sur les flancs de la première marche du Massif central qui domine le Rhône, au fil des siècles les paysans ont sculpté des paliers réguliers pour corriger la pente abrupte, souvent vertigineuse. Aussi bien entretenus que les ceps qu’ils retiennent alignés, des murets interminables épousent les courbes de niveau : leur succession se jouant de la lumière et des ombres dote la montagne de mouvements semblables à des vagues immobiles. La vigne se complaît dans l’espace restreint des parcelles qu’ils soutiennent : autant de réceptacles de terre arable pour que les précieuses grappes bénéficient au mieux des rayons du soleil.

Les vignobles du Rhône donnent là quelques-uns de leurs crus les plus célèbres, pour lesquels la meilleure vitrine promotionnelle est bien cet étagement de parcelles à la rigoureuse superposition compensée si harmonieusement par des courbes que seule la nature commande. Les visiteurs y sont comblés quelle que soit la saison : les photographes certes au premier chef, mais aussi tous ceux qui recherchent des espaces où respirer le calme et savourer le charme de paysages construits par le temps. En retour, nos yeux garderont de ces parcours des visions apaisantes… Le spectacle de ces vignes en terrasses sur la rive opposée invite à traverser le fleuve pour les rejoindre.

Pourtant, se frayer un cheminement dans cette mosaïque de terrasses… Lire la suite →

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