Le Chemin est à l’image de la vie qui s’écoule


“Il est ce que, voyageur, nous en faisons : apparu à l’horizon, il s’éteint là où notre parcours s’achève“

Ainsi est-il précisé, en introduction du “Pèlerinage de vie humaine“ de Guillaume de Diguleville, la leçon à en tirer : “Alors, monsieur saint Jacques projette sous nos pieds l’évidence d’un cheminement depuis le foyer familial jusqu’au bout de la Terre, ce symbole se faisant réalité et nous confondant à la lisière de la conversion“.

Il en est aujourd’hui comme durant des siècles : à leur retour ceux qui ont fait le pèlerinage le poursuivent en incitant leurs contemporains à l’entreprendre. Autrefois, ils instauraient pour cela des confréries ; actuellement, ils s’associent afin d’adapter le trajet aux contingences modernes. Une différence : la signalétique, les dispositions spécifiques aux pèlerins, la promotion touristique ou simplement “jacquaire“ du Chemin de Compostelle soulignent que le pèlerin n’est plus seul synonyme d’étranger mais que le Camino est aussi devenu étranger à nos capacités de voyager… À l’image de la réflexion de chacun, ensevelie sous les contraintes matérialistes et pratiques qui nourrissent nos inquiétudes, rabattue vers les servitudes du quotidien plutôt qu’appelée aux aspirations de l’être vivant.

Au miroir des évolutions de ce sujet, j’en retiens ici périodiquement les évènements qui participent à son actualité. Tout simplement parce que, si le chemin est propre à celui qui le fait, la rencontre de l’autre ouvre à la multitude des chemins possibles. S’y manifestent ainsi témoignages et regards engageant à l’écoute, au partage, à la considération. J’en retire volontiers cette belle définition qu’en donnait mon ami René de La Coste Messelière : « le Chemin de Saint-Jacques ? Un singulier qui vaut un pluriel ».

Choisir sa voie (le pèlerin devant Oisiveté, in Diguleville, “le Pèlerinage de vie humaine“)

Voir Le Pèlerinage de la vie humaine, Guillaume de Digulleville : la poésie des enluminures.

Chemin… de conversion ?
Plaque votive (2ème siècle, Musée archéologique, Zamora, Espagne)

Une phrase sur l’écran de mon téléphone portable : « De ton côté, si tu as quelques minutes pour m’écouter parler de Iñigo, chemin faisant, suis le lien qui suit » : Sur les pas d’Ignace de Loyola en Espagne avec Philippe Lemonnier.

Nouvelle empreinte de ses pas avec ce nouveau compagnon : dans cette interviewe de Philippe Lemonnier, ce “chemin de Damas“ ramène plus près encore de notre réalité l’interrogation d’un homme sur l’essence de la vie.

Conversion… un singulier qui vaut aujourd’hui un pluriel

Sur la rive du lac du Laouzas, à Villelongue, le 25 juillet.

Semblable à un retour au premier départ que cette rencontre annuelle fixée au jour de la fête calendaire de “Monsieur saint Jacques“. En cette circonstance, la petite église toute de neuf vêtue arbore coquilles et souvenirs jacquaires. Partis aux derniers bans de brume que le soleil levant disperse, les deux groupes de marcheurs arrivent juste à l’heure où la cloche s’ébranle : la messe est présidée par l’archevêque d’Albi… L’église de Villelongue, si simple et soignée apparaît alors comme un reliquaire protecteur.

L’après-midi, je retrouvais les participants autour du thème “en pèlerinage aujourd’hui“. Une journée où il fit bon respirer la bonne humeur, la nature et le grand air.

dans le Westhoek, l’évocation d’un pèlerinage pénitentiel

Une fête sur plusieurs jours que cette inauguration de nouveaux chemins de Compostelle dans la Flandre. Toute l’équipe s’y donnait depuis plusieurs mois avec le souci de faire partager au plus grand nombre enthousiasme et découverte du patrimoine. Que ce soient les élus, les responsables du tourisme, de la culture, les passionnés : le mois de juillet a égrainé son chapelet de haltes dans les villes et villages traversés.

Ouverture… (mieux : réouverture), le 21 juillet 2019.

Avec ce très beau cadeau que j’en reçus : alors que de loin (de si loin que je ne pouvais voir la route qui poudroie…) l’écho de ces festivités me parvenait, la publication d’un ouvrage que j’ai eu l’honneur de préfacer. Un texte du XVIe siècle fort intéressant en est l’argument et l’illustration, si soignée, une réussite !

“Le pèlerinage inachevé“

En savoir plus sur les Amis et pèlerins du Westhoesk.

Marco Piccat, le cœur à Saluzzo, le regard pointé sur La Manta
Château della Manta, cycle des neuf preux et des neufs héroïnes, détails, 1423

Le bel ouvrage “Les Jardins du Songe“ m’ont conduit à La Manta… virtuellement. De même, la correspondance épistolaire attentionnée et si riche que me valut l’amitié que portait à Fred Bérence la Princesse Kretzulesco Quaranta. Depuis, je n’ai jamais cessé d’être attiré par cet admirable ensemble, illustration prodigieuse de temps paradisiaques dont on ne sait plus s’ils appartiennent au Moyen Âge gothique ou à la Renaissance du Quattrocento… En Italie assurément ! Plus précisément dans le Piemonte, au revers de la Savoie. Un monde tellement séduisant, secret, débordant de richesses patrimoniales.

La pertinence du professeur Marco Piccat, son dévouement et son ouverture d’esprit viennent de lui valoir cette belle reconnaissance : élu récemment président de la Fondation CrSaluzzo.

Le professeur Marco Piccat

Le professeur Piccat —qui fut maire de Saluzzo— tenait la chaire de philologie romane à l’Université de Trieste. Chef de la délégation de FAI Saluzzo (délégation du Fondo Ambiente Italiano) —assisté de Silvia Cavallero, property manager du Castello della Manta, et Fabrizio Giordano, vice-présidents—, Marco Piccat est, de longue date, membre du conseil d’administration du Centro di Studi Compostellani de l’Université de Perugia que préside Paolo Caucci von Saucken. C’est à ce titre que nous avons eu le plaisir de nous rencontrer sans oublier l’attachement que voue le professeur Piccat à Paris et aux collections médiévales françaises.

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