Le Fort Brescou, alter ego de Ferrières au péril de la Grande Bleue


reconnu comme Site emblématique d’Occitanie par la Mission Bern

Sentinelle fragile, Brescou monte la garde sur son rocher, au large du port d’Agde. Ayant servi de repaire aux troupes de l’intrépide Henri II de Montmorency, le Roi en ordonna la démolition. Cependant, sur ce rocher peu hospitalier, les travaux ne connurent pas le résultat escompté : bien que mal en point, le fort reprit du service quelques trente ans après.

C’est alors que les circonstances firent des deux édifices Ferrières et Brescou —jusqu’alors si éloignés dans le paysage de l’Occitanie— deux compagnons d’infortune pareillement soumis au partage des responsabilités respectives du pouvoir royal et des Etats du Languedoc. Ferrières y d’un entretien efficace et quelques modifications mineures (faute de finances) ; Brescou d’un remaniement décisif attribué à Vauban (ou son entourage) qui le sauva in extremis. Ainsi, le premier fut-il préservé dans son lustre hérité de la Renaissance, le second fièrement installé parmi les architectures militaires du grand ingénieur royal.

Fort de Brescou en 1787 – Archives départementales de l’Hérault

Leur destin similaire entre la Révocation de l’Edit de Nantes et la Révolution reste particulièrement lisible autant dans les archives que dans le bâti lui-même puisque tous deux furent convertis en Prison d’Etat. Dès lors, leur gestion fut identique en tous points (importance de leur garnison d’invalides, désignation des commandants et sous officiers, organisation de l’intendance, des cuisines et de l’aumônerie, nature des condamnations des prisonniers et conditions de leur internement, cadrage des travaux d’entretien). De même, les deux forts connurent-ils des moyens de fonctionnement limités qui favorisèrent évasions et tentatives d’évasion, ainsi qu’une surveillance parfois relative des condamnés : ainsi, un inspecteur venant à l’improviste à Ferrières trouva les prisonniers jouant aux cartes avec leurs geôliers dans la cour du château.

Or, ces deux édifices sont à nouveau associés (sans préméditation !) par la Mission Bern en cette année 2019 puisque élus respectivement aux titres de Site emblématique pour l’Occitanie et de Maillage pour le Tarn.

Voici trois cents ans, les communications entre les deux forts se résumaient au va-et-vient de la charrette servant au transfert des prisonniers dont subsiste cette paire de fers désignés à Brescou “les fers de Ferrières“. Qu’en sera-t-il aujourd’hui ? Probablement des échanges au plan culturel : à chaque époque ses pratiques.

Voir le site des amis du fort Brescou.

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