Nos lointains ancêtres, joueurs de légendes et de savoir mêlés, eussent été stupéfaits de notre méconnaissance d’un tel signe, pourtant si rare, que les dieux nous offrent, nous, privilégiés ignorants.
Car, depuis quelques semaines au petit matin, la planète Mars semble s’attarder, impassible, rayonnante de tous ses feux d’or rougeoyants, dans l’axe d’Orion, souverain en cette période de l’année dans le ciel nocturne.
Sur la ligne de mire en direction de la Polaire de cette immense constellation, à mi-chemin entre son étoile-éclaireur El Nath et la Chèvre (Capella) —dont la corne généreusement fournie par Amalthée garantit au héros une épopée victorieuse—, le dieu de la guerre semble hésiter à changer son cours linéaire pour conquérir le pouvoir absolu : celui détenu par l’étoile minuscule et pourtant si facilement identifiable autour de laquelle les dieux de l’Olympe, Zeus-Jupiter en tête, tournent inlassablement. Une courtisane qui domine la ronde de ses prétendants et gère ainsi l’Univers !
Orion, le grand chasseur accompagné de son chien, au genou dévoilé et au ceinturon fleuri de trois perles —à l’image des Rois saluant l’Enfant divin—, semble ainsi projeter le dieu de la guerre en droite ligne vers l’étoile Polaire.
Le langage des dieux
Le mythe est limpide dans sa traduction… Si dramatiquement actuelle !
Une signification surdimensionnée, affichée sur le plus vaste des panneaux de lecture animée si ce n’est que, insatisfaits de cette seule constatation, il convient que nous cherchions à en dévoiler par curiosité quelques prolongements fous.
Une de ces fins de nuit, accordez-vous donc le temps d’un regard silencieux pour en discerner au-delà des siècles l’écho de l’histoire des humains.
Car l’encre virtuelle de ce papier aura sombré dans l’oubli de multitudes de générations avant qu’un tel phénomène ne se reproduise. Sans le voir vous n’en saurez rien alors qu’un simple regard —ne serait-ce que pour un bref instant—, soulèvera le voile sur son mystère et votre admiration. Vous serez ainsi transporté au diapason d’une composition céleste magistrale, toute relative au regard de la raison mais si puissamment révélatrice des mythes premiers qui sont au fondement de notre existence humaine.
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