Ô temps… suspends ton vol !


Aux bouleversements que subissent l’Orange Bleue et ses occupants semblent se conjuguer de si nombreuses incertitudes qu’une atmosphère morose commence à s’installer…

Pour y remédier, ou tout au moins apaiser ces impressions sourdes, il semble que nous adoptions une nouvelle pratique du quotidien : se muer en maîtres des horloges.

Jacquemarts se jouant de la régularité du temps, nous avons déplacé nos aires d’activités en éloignant le rapport social direct au profit d’interfaces par le biais du télétravail, des courriels, des réseaux sociaux. Sans y porter attention, le temps de réactivité s’allonge et celui de nos actes se comprime : ainsi, tout en prenant le “temps d’agir“, nous nous soumettons au stress imposé par la nécessité d‘y parvenir enfin. Plus qu’il n’y paraissait autrefois, le lièvre et la tortue s’écharpent conjointement dans nos journées.

Que ce soit au plan des communautés humaines ou à celui de l’individu, ces expédients deviennent règle commune : le diable ne s’immisce plus seulement dans les détails, il établit son arbitrage sur la course du temps. Son chronomètre insensé nous précipite dans une somnolence que, compromis par les perturbations climatiques, les rythmes de la nature ne parviennent même plus à combattre.

l’ancienne horloge de l’abbatiale d’Issoire… si peu orthodoxe

Seules, si nous n’en avions pas perdu la culture, les phases lunaires pourraient encore nous alerter sur cette puissance démoniaque aussi aveugle qu’involontaire.

Ferrières subit déjà le changement climatique

Ainsi, Ferrières passa le printemps, puis l’été et maintenant l’automne, au rythme capricieux de la présence des couvreurs sur ses toitures. Irrégularité qui ne cessa d’intriguer les habitants, surpris à chaque phase de pleine lune de découvrir dans le ciel limpide de ces mois de canicule les échafaudages en grève.

Demain, les frimas s’annonçant et la pluie espérée, les tubulures reprendront peut-être du service. Cependant la maison devra patienter avant de recouvrer le confort d’un chauffage décent dont l’installation cette année est restée au plan du discours : la seule cheminée utilisable s’élève en effet sur la partie encore inachevée de la couverture. Cet hiver, le froid piquant s’imposera encore aux soirs de pleine lune.

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