Hors d’eau !


La programmation des travaux de restauration actuels en mars 2022, prévoyait trois phases dont la première vient d’être enfin achevée avec la réfection des toitures des appartements seigneuriaux.

Quatre saisons plus tard

Ferrières compte de nombreux amis attentifs à sa conservation et donc à son devenir. Ainsi, depuis qu’une première silhouette déambula sur la toiture du logis seigneurial le 30 mai 2022, il ne fut pas de jour sans que, à l’occasion d’une conversation téléphonique, l’un d’entre eux ne m’ait questionné sur l’avancement du chantier comme on le ferait d’un proche mis sous perfusion. Cependant, au fil des semaines ma réponse, laconique, se fit refrain : après cette introduction de quelques trois journées (le temps d’attester que les travaux avaient bien commencé), la situation devint caricaturale. Nul besoin de lancer des panaches de fumée pour expliquer que le chantier serait long : visible de toute la vallée, la bâche verte protectrice de la partie découverte de la toiture entretenait les conversations.

Une bâche verte pour masquer le temps qui passe

Initialement prévue à la mi-juin, la fin de cette première phase fut retardée par les fortes chaleurs, puis les difficultés d’agenda… Une fois l’été écoulé, les ouvriers durent travailler sous les averses drues de l’automne et enfin, début décembre, supporter le froid glacial (-5° le matin, +2° en journée).

À croire que Ferrières se mérite : aura-t-il fallu attendre l’hiver pour avancer résolument… Certes, après la trêve des confiseurs, il ne restait plus que douze heures de remaniements à effectuer sur la toiture de la Tour du Levant.

Mais la Nature en décida autrement : à la mi-janvier, trois semaines de températures polaires, de vent incessant, 30 centimètres de neige glacée ont rajouté une nième période de mauvais temps… cauchemardesque !

C’est dire combien la date du 17 février 2023 marquera l’histoire du château. N’en doutons pas : le départ des couvreurs leur travail accompli trouvera sa place dans les chroniques tenues à jour depuis un siècle. Mais cette fois avec une illustration : l’image de frère Ciccillo —dans le film si justement célèbre de Pasolini Uccellacci e uccellini— qui, en prière durant des mois et espérant un miracle, ne s’était pas aperçu que le lierre l’avait recouvert des pieds à la tête. Miracle qui se produisit ce 17 février donc ici, mais en lieu et place du frère mineur tout entier pétri de foi, un ermite faillit y perdre dix années de sa vie… probablement en raison de sa foi chancelante.

Uccellacci e uccellini

Pier Paolo Pasolini a déclaré à propos de son film :

Des oiseaux, petits et gros est le film que j’ai aimé et que je continue d’aimer le plus, d’abord parce que, comme je l’ai dit à sa sortie, c’est “le plus pauvre et le plus beau” et ensuite parce que c’est le seul de mes films qui n’a pas déçu les attentes. Collaborer avec lui [avec Totò] “tout droit sorti de ces films horribles qu’une intelligentsia stupide redécouvre aujourd’hui” a été très agréable : c’était un homme bon, sans agressivité, de bonne pâte. Je tiens également à rappeler qu’en plus d’être un film avec Totò, Des oiseaux, petits et gros est aussi un film avec Ninetto, un acteur de force, qui a commencé sa joyeuse carrière avec ce film. J’ai vraiment aimé les deux personnages principaux, Totò, une riche statue de cire, et Ninetto. Les difficultés n’ont pas manqué lors du tournage. Mais au milieu de tant de difficultés, j’ai eu la joie de mettre en scène Totò et Ninetto : un stradivario et un zuffoletto. Quel beau petit concert.

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