Le protocole bien ordonné d’un peloton à plumes


Un même procédé de l’éducation familiale pour survivre que celui de l’apprentissage sportif pour gagner

Les résultats de la recherche dans les laboratoires scientifiques et universitaires ne cessent de nous surprendre par l’ingéniosité dont font preuve leurs auteurs pour contribuer à l’universalité des connaissances. Au prime abord anodine, leur contribution n’en est pas moins considérable pour une meilleure perception des conditions de notre vie sur Terre.

Ainsi, le prix de physique Ig Nobel (“ignoble“ puisque honorant les découvertes scientifiques qui “font d’abord rire avant de faire réfléchir“), fut-il attribué à un duo de chercheurs sino-britannique pour l’explication définitive d’un phénomène banal en soi mais universel dans le monde des vivants : à savoir que nous préférons à la solitude la quête d’un mouvement collectif dans lequel nous inscrire.

La faculté des canetons à suivre leur mère pour une croisière en eau calme

À peine éclos, les palmipèdes se laissent entraîner en file indienne dans le sillage de la mère cane. Une image certes plaisante pour l’observateur les pieds au sec sur la rive, mais qui n’a cessé d’éveiller la curiosité des intrépides nageurs en grimoires savants : car la succession de cette progéniture révèle une ordonnance probablement réglée dès la brisure libératrice de la coquille des œufs… peut-être, même, bien avant !

En effet, si le premier n’a d’autre effort à déployer que de se laisser “aspirer“ par la nage puissante de sa mère qui le précède, il en va tout autrement pour les suivants, appelés à donner d’autant plus de la palme qu’ils en sont éloignés. Cependant, la Nature a horreur des inégalités. Ainsi dote-t-elle le dernier de la file d’une musculature saluée avec admiration par toute la couvée et probablement au-delà !

Un stratagème bien connu des praticiens de la petite reine… même si la plupart d’entre eux ignorent les théories scientifiques relatives à l’interaction physique responsable de l’attraction des corps massifs, en un mot traitant de la gravitation. Sauf que, à l’inverse du caneton arrivé en queue du peloton à plumes, c’est le cycliste le plus proche tiré par ses camarades qui sera le grand gagnant à l’arrivée pour avoir économisé ses forces jusqu’au sprint final (NDLR : au vu de cette information scientifique majeure, l’honorable journal Le Monde lui ouvrit ses colonnes le 2 novembre 2022 sous les plumes conjointes des professeurs Jean Farago et Wiebke Drenckhan, de l’Institut strasbourgeois Charles Sadron).

C’est tout dire des prolongements qu’une telle étude peut ouvrir à la science : psychologues, anthropologues, sociologues vont prendre le relai pour nous éclairer sur notre tendance à suivre des processions rituelles ou à forcer le passage de notre caddie à l’approche de la caisse…

D’autant que l’apprentissage accumulé au fil des générations ajoute une faculté aux bipèdes que nous sommes : autrefois qualifiés de moutons en troupeau sur la croûte terrestre, nous savons dorénavant notre capacité à adhérer aux mouvements de foule sans le moindre effort.

Hommage à la mère cane

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