Au bout du crayon des caricaturistes, le trait n’a nul besoin de traducteur pour révéler l’évidence “que je ne saurais voir“…
Confortablement installés dans la lignée qui associe les artistes précurseurs que furent les auteurs de graffitis préhistoriques aux littérateurs jouant avec le sarcasme ou le pamphlet, les dessinateurs de caricatures piquent là où la plaie peut s’ouvrir pour libérer la parole de ce qui se tait.
D’aucuns subirent le sort de Pélisson-Fontanier qui, embastillé, trouva pour vengeance d’apprivoiser une araignée ! Pied de nez s’il en faut à l’autorité des mécréants du pouvoir. D’autres moins chanceux finirent à la potence à laquelle échappa de justesse François Villon. Voltaire s’en tira bien, assis à cheval sur le fil d’une frontière à Ferney, et Rabelais ne dut sa résistance aux commérages destructeurs qu’à la protection d’un évêque lettré (car, parmi les intouchables en subsistent quelques uns pour préserver le trésor qui brûle leurs doigts afin, éventuellement, de griller la paume de leur supérieur), sans oublier Goya, Daumier et tant d’autres qui ne cessent toujours de nous surprendre.
Tout à coup, dans l’actualité récente, voici que le Siècle des Lumières ressurgit de l’ombre de notre vie quotidienne ronronnante, réveillée un instant par la tuerie atroce dans la salle de rédaction de Charlie-Hebdo et ses conséquences qui, depuis, ponctuent l’actualité : ainsi l’arrêt des publications de caricatures dans le New York Times… et mille autres évènements —dont certains aussi cruels qu’intolérables sèment le deuil dans des familles innocentes— emportés par le tsunami permanent des informations à tous vents dont, pourtant, l’écho ne peut faillir dans le cœur des amoureux de Liberté.
En un mois, trois grands noms déposèrent leur plume au chevet de la matrone Anastasie en forme d’ultime refus de son autorité. Dans l’Hexagone : Willem, à Libération, et au Monde, Plantu. De l’autre côté des Pyrénées et si proche de nous, l’ami Jesús Zulet à El Correo ainsi qu’à El Diario Vasco.
Ce florilège mérite pleinement que ces trois grands défenseurs de notre droit à penser publiquement soient honorés. Bien sûr, en particulier, mon fidèle compagnon en quête du savoir émanant des étoiles dont le regard perçant sur les actualités de la société humaine sait s’oxygéner dans la considération des mondes célestes de la nuit… sans trébucher pour autant dans le piège du puits noir tendu par les ignorants.
À Jesús, je dédie volontiers cet écho de son sourire pétillant de malice et d’intelligence en le remerciant pour tout l’enseignement qu’il partage si généreusement.
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