Si la chapelle romane Saint-Eutrope se mérite, l’atteindre vaut aboutissement


Au plus haut de la crête rocheuse du cirque grandiose d’Orque, la petite église romane scrute la Méditerranée à l’horizon lointain : un spectacle époustouflant. Mais aussi quelle prouesse pour le contempler… un pèlerinage qui se mérite !

La légende rapporte que saint Eutrope, réfugié dans une grotte pour échapper à ses bourreaux, vivait sous une voûte si basse que son corps avec le temps en aurait épousé la forme : son nom en serait le reflet qui aurait glissé de Acroupy à Atropy… (réf : Mgr Lécot, évêque de Dijon, “la rue Saint-Accroupy“ in Bull. de la Société historique de Dijon, 1878).

Sur le chaos rocheux qui domine Castanet-le-Haut, quelqu’abri pourrait bien avoir servi de refuge à la légende du saint “accroupi“ pour justifier qu’une chapelle lui soit consacrée. En cette Année Jacquaire 2021 (les années où le 25 juillet est un dimanche sont désignées Jubilaires, parrainées par l’apôtre Jacques le Majeur), la chapelle Saint-Eutrope fut choisie à Nages, Murat et La Salvetat comme but de la marche traditionnelle. Plusieurs membres de l’association des Passejaires étaient présents… à la grande satisfaction de ceux qu’ils aidèrent à franchir les mauvais pas. Qu’ils en soient chaudement remerciés.

photographie Olivier Razimbaud

Car le sentier escarpé y conduit tantôt au bord du ravin, tantôt sur des dalles branlantes en guise de marche… La foi certainement est seule garante d’un aboutissement sans dommage… puis du retour aussi périlleux sinon plus jusqu’à la vallée tout en bas !

Une minuscule chapelle pour un espace de géants

Le cheminement au long de la Mare depuis Andabre débute dans une plénitude brusquement rompue dès que l’escalade s’en suit, de plus en plus exigeante. En prenant de l’altitude, la vue est surprenante sur l’immensité du cirque d’Orque que domine la croix de Mounis et qui dévale au Levant jusqu’à la plaine du Bas-Languedoc. Entre terre et ciel, la chapelle Saint-Eutrope est le haut-lieu de cette contrée sauvage et si préservée, à la convergence de l’Espinouse, du Caroux et du plateau de Murat.

photographie Olivier Razimbaud

Dans cet espace de géants, hors du monde temporel, autant dire que la découverte est réconfortante des dimensions tellement humaines du sanctuaire, élevé pierre à pierre face aux vents, qui défie la Nature ou, mieux, l’a domptée. Consacrée à saint Eutrope, la chapelle l’est aussi, mais discrètement, à sa disciple Estelle (du latin stella, étoile), dont le prénom réveille, tel une invitation en guise d’espérance, ce vieil adage méditerranéen : “Pour tracer ton sillon droit, accroche ta charrue à une étoile“. Car gravir ces premiers échelons de quelque Scala Cœlis —l’échelle du Ciel—vers le sommet du pog, éteint toutes les inquiétudes du quotidien : le cours de la vie semble y goûter un moment de repos.

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