Michel Roquebert offrit aux terres occitanes leur signature : “les Citadelles du Vertige“


Porte parole du drame historique du XIIIe siècle, son œuvre fut celle du greffier méticuleux rendant la mémoire aux victimes de Montségur, avec ce digne recul propre à l’historien et homme de presse de talent.

Michel Roquebert appartient à cette génération qui hérita à la fois des travaux de quelques pionniers remarquables par leur vision universaliste et tolérante —tels Déodat Roché, Prosper Estieu, Fernand Niel, Théo Venckeleer, …— et d’une phase nouvelle de la prospection au cours de laquelle son nom accompagne ceux de René Nelli et Jean Duvernoy. Ces trois personnalités nous permirent de respirer encore tandis qu’un trop-plein de publications s’élevait pour satisfaire une présentation convenue de l’histoire religieuse et politique.

Dès ses premières interventions célébrant la puissance de lieux évocateurs de l’Occitanie, le ton fut donné par celui qui en deviendra le chantre. Emporté dans son élan, sa qualification du Montségur “reconstruit“ appelle certes une grande réserve. Mais on retiendra plus volontiers son acharnement courageux visant à produire au cours de recherches incessantes la liste des victimes du bûcher de Montségur afin que soit authentifié cet évènement historique majeur, alors menacé par les campagnes de dénigrement de révisionnistes patentés.

À cette œuvre remarquable s’ajoutait un immense respect pour l’attitude des hommes qui ont été mêlés à cette époque tragique : il n’est qu’à lire le texte publié en guise d’hommage par la Société archéologique de Lavaur : “Empire pyrénéen“.

Lors de la candidature des Citadelles du Vertige à l’Unesco (photographie La Dépêche, Claude Boyer)

Un compte-rendu de son article sur Pierre des Vaux de Cernay qui témoigne de son étonnante vision des terres occitanes marquées du sceau du “Vertige“ !

Sa droiture lui permit d’éviter les polémiques incessantes qui polluent l’approche sereine du courant cathare médiéval et les arrière-pensées et instrumentations nourries par un négationnisme que l’on pourrait penser révolu au XXIe siècle… soit huit cents ans après les écrits naïfs de Jacques de Voragine ! Sachant, ô combien, le concert de ces dissonantes et vaines affirmations peuvent ébranler les personnes en quête de savoir, son propos en avril 2019 à Puylaurens m’avait beaucoup ému.

Ferrières eut plusieurs fois le plaisir d’accueillir Michel Roquebert. À ce souvenir s’ajoutera dorénavant celui de sa présence à Montségur dans la discrétion de notre silence à la Stèle.

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